mercredi 8 mai 2013

Le meurtre est dangereux, tout comme l'amour.

Le meurtre est dangereux, tout comme l'amour.

Assassin. Tueur à gages. Deux mots qui signifient la même chose : l'envie de tuer et prendre plaisir à cela. Le sang, ce liquide chaud coulant des veines de la victime. Le cri agonisant qu'elle crie avant de laisser sa vie s'évaporer d'elle. Les supplications pour lui laisser la vie sauve. Les mains liées entre elles et la prière sortant de sa bouche. Et le tueur n'ayant aucune pitié qui la tue de différentes manières : mort lente ou douloureuse ou bien mort rapide sans besoin de faire souffrir. Hors, ce qu'aime par-dessus tout Ellian, c'est faire souffrir ses proies.
Son lieu de prédilection : le parc remplit de gens tout aussi bêtes les uns que les autres ne se doutant pas que passe près d'eux quelqu'un organisant son crime minutieusement. Il ne choisit pas ses proies au hasard. Il les suit, apprenant leur vie, leurs habitudes, leurs amis. Tout. Jusqu'au moindre détail. Un sourire espiègle s'affiche sur le visage de cet homme qui n'a aucune pitié et aucun cœur. Son travail lui demande beaucoup mais il aime cela.
Assis sur un banc en marbre blanc, il contemple une jeune femme brune aux cheveux longs ondulés qui joue avec ses enfants et son compagnon. Elle ne se doute pas que c'est le dernier jour de sa misérable vie. Il a tout calculer. L'heure à laquelle elle est censée partir, comment l'attirer dans un piège puis partir sans rien demander en retour. Tout ça doit se passer en quelques minutes pas plus. Le choix du meurtre : l'égorger vive avant qu'elle ne puisse répliquer.
Il adore donner la morts aux femmes. Pourquoi ce sentiment ? Tout simplement parce que ça lui procure une joie immense et il se sent misérablement plus fort. Il déjoue à chaque fois les forces de l'ordre et est considéré depuis quelques temps comme l'indésirable n°1 recherché dans le pays entier. Il aime tant les mener en bateau, disséminer des preuves par-ci, par-là à chaque coin de rue pour les mener sur une autre piste totalement éloignée de la sienne.
A chaque instant, il les guette, fiers d'eux d'avoir trouvé une « nouvelle piste » qui les mène à ce tueur mystérieux. Mais ce qui lui plaît le plus, c'est de voir leurs visages déconfits lorsqu'ils apprennent cette mascarade si bien préparée.
Il ferme les yeux et se délecte de ces pensées si sombres. Rien ne vaut ce genre de moment. Il les rouvre et se concentre à nouveau sur ce qui se passe devant lui. La jeune femme se lève et se dirige vers le camion à glaces qui se trouve au début du parc. Ellian la suite à pas raisonnés derrière elle et attend. Elle atteint le but et commande une glace à la pistache et une autre au chocolat. Au moment de payer, le tueur s'approche et fait semblant de se cogner à elle pour attirer son attention. Comme prévu, les glaces tombent au sol.
- Oh non ! Je suis vraiment maladroit ! Je m'excuse, je vais en repayer d'autres, feigne-t-il de s'excuser.
- Je... non ce n'est pas la peine. Ce n'est pas votre faute, c'est moi qui ne regardait pas où j'allais.
- Si, si je tiens à vous dédommager.
- Me dédommager ? rie-t-elle. Ce n'est que des glaces.
Et voilà, en plein dans le mille. Il a réussit à lui faire passer le doute de l'inconnu qui fonce sur elle. Il repasse à l'attaque, mine de rien.
- Pistache et chocolat, c'est cela ?
Elle acquiesce et lui demande au glacier de les resservir.
- Je vous remercie. Je m'appelle Marie.
- Et moi Patrick.
Oui, dire son vrai nom à sa future victime n'est pas une bonne idée. Il peut rater son coup et sa proie reste vivante et le dénonce à la police. Il a toujours agit comme ça tout en sachant que ses coups il les réussit toujours. Jamais de faux pas. Toujours des meurtres.
Ils se quittent là, lui retournant sur son banc et elle avec sa petite famille. Elle tend les glaces à ses enfants, joyeuse. Ris de bon cœur, bientôt tu ne pourras plus esquisser un seul geste, pense-t-il dans sa tête.
La nuit commence lentement à tomber sur le parc l'inondant du jolie couleur rosée. Des perles d'eau tombent sur les feuilles d'un joli son de clapotement. Il continue de fixer sa victime qui n'est pas décidée à partir à l'heure convenue. Soudain, il la voit sortir de son panier en osier de quoi manger et constate avec un grognement qu'elle compte rester là encore un long moment. Son plan pour aujourd'hui a échoué. Première fois mais dernière fois aussi. La prochaine fois, il sera plus prévenant. Il se lève de son banc, met nerveusement ses mains dans ses poches et se dirige vers la ville en effervescence. Comme chaque soir, le bar qui jouxte la rue principale, est bondé de monde attendant patiemment que le groupe de chant commence son concert. Il tire une grimace de mécontentement mais se dirige tout de même vers ce bâtiment.
L'odeur rance et de transpiration emplit cette salle. Les hommes sont accoudés au bar en bois verni, prêts à tomber à terre tellement l'alcool ingurgité est présent. Les femmes, quant à elles, sont en pleine discussion à des tables rondes, une coupe de champagne à la main. Ellian se dirige vers le bar, s'y installe et attend patiemment qu'un serveur ne vienne prendre sa commande.
Les minutes s'échelonnent rapidement ainsi que ses verres qui se vident de plus en plus vite. Bières sur bières, il finit promptement par perdre la raison et s'enrôler dans un trou sans fond. Il se remémore le passé et cette fille, cette proie qui lui a radicalement fait changer d'avis sur ce qu'il préconisait par-dessus tout : l'amour. Voilà pourquoi il est devenu un tueur.
Il y avait de cela trois ans, son métier de tueur n'était pas encore reconnu. Pour cela, il devait tuer bien plus qu'il ne le faisait déjà. Il en était à peu près à deux meurtres par semaine ce qui était trop peu de l'avis de son patron. Le chef, le haut gradé qui donnait tous les ordres de mission et sans qui l'on ne pouvait pas vivre. Lui qui payait misérablement ses assassins d'un prix si médiocre qu'ils devaient augmenter leurs meurtres s'ils voulaient s'acheter de quoi manger.
Ce jour-là, il lui avait été donné comme mission, de tuer une jeune femme à peine âgée de trente ans qui travaillait dans un magasin de prêt-à-porter. Il lui avait interdit de faire ses tours de garde pour imaginer un plan infaillible soit disant parce qu'elle était trop belle pour ne pas tomber sous son charme. Mais Ellian ne regardait pas le physique, il s'occupait juste de mettre un terme à la vie d'une personne. Alors il désobéit à son patron et se rendit dans l'heure qui suit le magasin qu'il lui avait indiqué.
A l'intérieur, quatre femmes s'affairaient à mettre en place la nouvelle collection d'été. Il fit le tour des personnes et constata qu'elles étaient beaucoup trop jeunes pour correspondre à celle qu'il cherchait. Il allait faire demi-tour lorsqu'il vit une cinquième entrer par la porte de derrière et son sang ne fit qu'un tour. C'était elle ! Mais quelle beauté elle faisait. Sa chevelure longue et ondulée tombait majestueusement en cascade sur ses épaules. Ses cheveux d'un noir de jais faisait ressortir ses yeux vert émeraude.
Il resta la regarder ainsi un long moment avant de comprendre qu'il était tel un idiot regardant quelque chose dont il était fan. Il secoua sa tête énergiquement pour sortir de sa léthargie et se leva prestement pour rejoindre sa voiture.
Une fois à l'intérieur de celle-ci, il laissa sa tête tomber contre le volant et ses bas pendre le long de son corps. Que lui arrivait-il ? Il n'avait jamais réagit ainsi face à une victime ! Son cœur avait fait un bond en la voyant, son ventre avait commencé à crépiter tels des papillons s'immisçant dans son antre. C'était un sentiment si intense qu'il n'arrivait pas à mettre un terme adéquat dessus. Une attirance ? Oui certes, mais beaucoup plus fort que ça. Quelque chose de fusionnel ? Non plus. Mais alors quoi ? Ce n'était pas non plus de l'amour, il ne la connaissait même pas ! L'amour... ce mot vint torturer son esprit. Après tout, que savait-il exactement de l'amour ? Il n'avait jamais eu ce genre de sentiment pour quiconque, alors peut-être était-ce ça.
Il donna un coup de poing sur son volant qui actionna le klaxon. Il regarda autour de lui et constata que plusieurs personnes avaient leurs yeux tournés ver lui, surprises de sa réaction. Il mit son moteur en route et rentra chez lui.
Trois jours étaient passés depuis sa rencontre inattendue avec sa future victime. Depuis ce temps, il ne cessait de penser à elle. Elle hantait ses pensées, à tel point qu'à chaque fois qu'il échafaudait un plan, il trouvait une excuse pour ne pas qu'il fonctionne. Comme s'il ne voulait pas qu'elle meurt mais qu'en même temps il n'avait pas le choix. Alors il revenait à zéro mais à chaque fois le même phénomène se passait. Il devait tout recommencer.
Pourtant, c'était aujourd'hui qu'il devait mettre un terme à tout ça. Son patron lui avait donné un rendez-vous dans une caserne désaffectée pour lui donner l'arme avec laquelle il la tuerait. Il souffla. Le tueur savait déjà quelle arme il emploierait pour son meurtre : un couteau fin mais bien aiguisé, qui trancherait d'un seul passage sa carotide. Pour la première fois de sa vie, un frisson parcourut son échine. Voir la gorge en sang de cette magnifique femme le rendait mal en point. Jamais il n'avait eu autant de pitié et il y allait presque à reculons. Il prit à cet instant une décision qu'il regretterait certainement avec le temps. Après ce meurtre, s'en serait finit de tout cela. Il reprenait sa vie en main et se trouverait une compagne.
Sauf que, c'était elle qu'il voulait et pas une autre. Il ne la connaissait ni d'Ève ni d'Adam mais il était sûr d'une chose : il en était tombé éperdument amoureux. 
Dix-neuf heures. L'heure de fermeture du magasin. Cela faisait bien une heure qu'il était en planque dans sa voiture et qu'il attendait qu'elle parte enfin. Mais elle tardait à le faire. À croire qu'elle savait. Un rire nerveux sortit de sa bouche à cette pensée idiote. Bien sûr qu'elle n'était au courant de rien. Pourquoi l'aurait-elle su d'ailleurs. C'était une jeune femme sans soucis.
Les lumières s'éteignirent et il se prépara à l'apostropher dans la rue. Il sortit de sa voiture en prenant soin de fermer doucement sa portière, et se dirigea vers la porte arrière qui donnait sur une cour. Il l'attendit là, son épaule posée sur le pan du mur de droite. Il entendit une porte claquer et il se rua sur elle. Pour éviter qu'elle ne crie, il porta sa main sa bouche et l'écrasa. Il la jeta au sol sans vergogne et lui plaqua son couteau contre sa gorge.
- Ne crie pas ou ta mort sera rapide, la menaça-t-il.
Les yeux ronds de la victime inspirait de la peur qu'il ne désirait pas voir dans ses pupilles. Il eut un moment de doute mais se reprit très vite. Il appuya plus fort sur sa jugulaire et attendit son consentement. Elle ne tarda pas à le donner, d'un léger signe de tête. Il relâcha sa pression et retira doucement sa main de la bouche de la jeune femme. Il passa tendrement son pouce sur ces lèvres si pulpeuses et y déposa un tendre baiser au coin de celle-ci.
La jeune femme poussa un petit cri de surprise et le dévisagea.
- Vous aller me tuer et vous... m'embrassez ?
- Oui je t'embrasse, car dès que je croise ton chemin tout ce que je m'étais promis d'accomplir tombe à l'eau. C'était prévu que je te tue aujourd'hui mais je ne le pourrais pas. Tu m'envoûtes, dès que je te vois je n'ai qu'une envie, t'embrasser et te prendre dans mes bras. Te dire à quel point en trois jours tu es devenue indispensable à mes yeux, à quel point je t'aime et à quel point tu hantes mes pensées jour et nuit. Je ne veux pas te tuer car je veux que nous vivions ensemble, que l'on crée une vie remplie de bonheur et de joie. Je te veux tout simplement.
Après sa longue tirade, il reprit sa respiration et regarda la femme pour voir sa réaction. Elle semblait totalement perdue, ne sachant comment réagir. Mais c'était compréhensible. Un tueur se tenait à califourchon sur elle et lui déclarait sa flamme alors qu'un peu plus tôt son arme était pointée sur elle.
- Quelle belle déclaration ! scanda un voix grave derrière eux en applaudissant.
Ellian se retourna vivement en reconnaissant cette voix. Son patron. Mais que faisait-il ici ? Il allait tout faire capoter ! À bien y penser lui-même avait tout fait tomber à terre. Il avait lui-même mener cette mission au néant. Mais il se posait tout de même une question.
- Que faites-vous là ?
- Je venais vérifier quelque chose et je ne suis pas déçu.
- Comment ça ?
- Je savais que je ne pouvais pas te faire confiance. Tout n'était qu'une simple mise en scène. Cette femme que tu as là, est ma complice. Elle ne se fera pas tuer.
- Qu... quoi ? Je ne comprends pas !
- Marie, occupe-toi de lui, et tâche à ne laisser aucune trace de notre passage.
La dénommée Marie acquiesça d'un sourire pervers tandis que son complice faisait demi-tour, les mains dans les poches.
La femme s'approcha de lui, sortit un couteau acéré de sa botte et lui susurra à l'oreille.
- Un amoureux transit qui rejoint les cieux. Quelle mort est-ce.
Et lui planta avidement son couteau en plein cœur.
Ellian sursaute et regarde autour de lui. Il se trouve toujours dans ce bar miteux avec une nouvelle bière à la main. Ce souvenir est trop douloureux pour lui. La seule femme qu'il ait aimé là trahit. Depuis cet instant-là, où dans cette rue il a faillit perdre la vie, il s'est promis de se venger. Depuis, il est à son compte et tue toutes les femmes qui lui ressemble. Il a mis plus deux ans à retrouver sa trace mais cette fois-ci il compte bien la tuer. Et sans remords.
Une nouvelle journée commence. Une couleur bleu pâle colore le ciel et les oiseaux roucoulent dans les arbres du parc. C'est une journée de grande chaleur et les carrés d'herbes sont tous occupés. La jeune femme d'hier, est revenue avec toute sa petite famille. Ellian la regarde d'un regard sombre. Il est prêt à attaquer.
Et le moment idéal vient de se produire. Elle se lève et se dirige vers un buisson où le ballon de son fils est bloqué. Elle passe derrière et lui la suit. Il l'empoigne fermement par le bras, met sa main sur sa bouche et lui fait signe de se taire. Elle accepte sans broncher, comme si elle avait déjà vécu cette situation.
- Cette fois-ci je te tuerai, dit-il tout simplement.
Les yeux de Marie s'écarquillent et elle reconnaît son agresseur. Des larmes coulent sur ses joues. Des souvenirs poignants reviennent dans sa tête et elle regrette ce qu'elle a pu faire. Mais il est trop tard. Pourtant elle a changé et a désormais une vie paisible. Mais il s'en contre-fiche. L'heure de la vengeance a sonné.
- Comme on se retrouve... lança-t-il tout en prenant son arme et en la plantant juste en-dessous de son cœur.
Elle tente de pousser un cri mais elle ne peut pas.
- C'est ici que tu as planté le tiens il y a trois ans. Oui, oui tu m'as bien entendu. À deux centimètres du cœur. J'ai eus de la chance mais toi tu n'en auras pas.
Il retire son arme et la replante cette fois-ci dans le cœur de la jeune femme. Elle écarquille encore plus les yeux et essaye de parler. Il retire sa main en faisant attention à ce qu'elle ne crie pas.
- Je suis désolée... souffle-t-elle.
- Il est trop tard pour ce genre de paroles. L'amoureux transit est revenu pour se venger. Et il en sortira gagnant, dit-il d'un ton doucereux.
Il tourne l'arme dans tous les sens et la retire aussi vite qu'il l'avait que tout à l'heure. Marie tombe à terre et essaye de se raccrocher à Ellian qui la repousse méchamment.
- Je t'ai aimé Marie, mais tu m'as trahi. Maintenant c'est à toi de voir ce que c'est que d'agoniser en espérant que quelqu'un vienne te sauver. Mais ce moment n'arrivera pas. Je t'aime... souffle-t-il.
Il lui sourit amèrement, jette son couteau remplit de sang et sort de sa cachette. Il est libéré. Il a tué celle dont il était éperdument amoureux. Il marche tranquillement dans la rue pour rejoindre son appartement. Il a délibérément laissé son arme en vue pour qu'on puisse venir l'arrêter. Il a fait ce qu'il s'était promis il y a deux ans. Maintenant il est libre d'aller en prison ou de mourir. Il aimait cette femme bien plus que n'importe qui. Il l'aime encore. L'amour est une mort lente et douloureuse. Et il en a payé les frais. À jamais.

1 commentaire:

  1. Mmmh, en effet! Vache, c'est sombre, ton truc! Mais ça m'a plu quand même ^^
    J'aime beaucoup la dernière ligne :P
    (bon, il y a des fautes, dans ton texte, mais bon ;) )
    Merci de me l'avoir fait liiiiire! :D

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